[ Hommage à Paolo Radoni – Jazz Station ] – [ jacquesp @ 21:37:14 ] – Musique
Jeudi 10 avril, la Jazz Station déborde.
Ça déborde de monde et pourtant, l’ambiance est assez recueillie.
Ni sombre, ni triste, ni sage… juste recueillie.
Émue surtout.
Il y a comme un parfum de spleen qui flotte dans l’air.
Ce soir, c’est un concert hommage à Paolo Radoni.
Plus de trois mois après sa disparition, l’émoi est encore palpable, le choc n’est pas encore dissous.
Presque tous ceux qui ont joué, appris, aimé, parlé ou croisé Paolo sont là.
Après le concert du Sounds le 29 décembre, ils se sont à nouveau réunis pour lui rendre un hommage. Encore un. Mais, y en aura-t-il jamais assez ?
Sur scène, il y a les guitaristes, bien sûr, Paolo Loveri, Quentin Liegeois, Jacques Pirotton, Hans Van Oost, Victor Da Costa, Hendrik Braeckman…rassemblés autour de Peter Hertmans pour jouer ensemble «Hannie’s Dream» et «Ballad For Leo».
Il y a aussi Alexandre Furnelle, qui dirige les opérations, Bruno Castellucci, Jean-Louis Rassinfosse, Bas Cooijmans, Ron van Rossum, Jan De Haas…
Michel Herr est là aussi (magnifique de lyrisme sur «Elegia»), Christine Schaller et Ben Sluijs également (que l’on retrouve dans un registre qu’il avait un peu laissé de côté ces derniers temps; un jeu tout en souplesse, lumineux et velouté).
La fidèle Chrystel Wautier chantera avec beaucoup d’émotion et de sensibilité «Luiza» (que Paolo considérait comme le chef-d’œuvre de la musique brésilienne), «Moon River» et le très beau «Let Me Hear A Simple Song» écrit pour elle par Paolo.
Dans l’assistance, on croise Henri Greindl, Laurent Blondiau, Véronique Hocq, Michael Blass et tant d’autres…
Sur Scène, on retrouve Pirly Zurstrassen, en duo avec le violoniste Michel Pieters, pour un superbe et onirique «Cupid’s Wing». Quel beau moment!
Autre grand moment, intense et profond, avec le duo de Frank Wuyts (au piano) et Denis Van Hecke (au violoncelle) pour une improvisation sur un poème de Daniel de Bruycker: «Paolo’s Blues». Paroles fortes et jeu très dense. Du très grand art.
Mais le moment le plus poignant de cette soirée restera, pour moi, la performance de Julie Jaroszewski.
En duo d’abord, avec le subtil pianiste Charles Loos, pour chanter «What Is Left?»
Julie ne chante pas, ne raconte pas, ne parle pas… elle vit ce poème qu’elle a écrit pour l’occasion.
Le texte est poétique et sensible, mais son interprétation le rend encore plus bouleversant.
What is left
When everything is done
The reminder of how a man
Let the wind cry in his body
And how he could
Disappear
Lose his name
To let the wind sing
And speak through him.
And when a man is gone
The wind is still singing
An old story
From an old country
Everyone has forgotten
But everyone is missing
What is left
When the man is gone
Just a free wind
Without a voice
Who’s asking for your heart
To let it sing inside your blood
An old story
From an old country
Everyone has forgotten
But everyone
Is missing
A lot. »
©Julie Jaroszewski
Et puis, quand Julie chante un blues mâtiné de soul, c’est aussi puissant de sincérité, de vérité et d’engagement. Un engagement qui me rappelle Ursula Rucker, cette artiste dans la lignée des Gil Scott Heron, Eric Mingus ou encore Jalal Mansur Nuriddin (Last Poets), qui mélange jazz, hip hop et spoken words, pour défendre bec et ongles les petites comme les grandes causes. C’est un autre registre que celui de Julie, bien sûr, mais l’esprit est le même.
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